"Je suis profondément déçu de la nouvelle politique agricole commune mais pas abattu. Ce sont les libéraux qui ont gagné", a déclaré Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, premier syndicat agricole français, après l'accord des Quinze sur la réforme de la PAC. "Le ministre de l'Agriculture, Hervé Gaymard, qui nous avait souvent répété que la France était isolée, a joué son rôle de négociateur. Mais il n'a pas obtenu le changement de direction du projet. C'est pour cela que je porte un jugement plus que mitigé", a-t-il expliqué. Pour Luc Guyau, président de l'APCA (Assemblée permanente des chambres d'agriculture), cet accord est "lourd de conséquences pour l'avenir de l'agriculture et pour la place des agriculteurs dans notre société. Nous ne partageons ni le choix de la dérégulation des marchés, ni celui de la renationalisation de la PAC. Il appartient désormais au gouvernement d'assumer toute la responsabilité de cette décision", a-t-il affirmé. La réforme met en place un système de paiement unique direct aux exploitations, et conditionne l'octroi des aides à certains critères environnementaux et de sécurité alimentaire. Elle a adopté un découplage "partiel", notamment sur les céréales. Elle prévoit une baisse des prix d'intervention sur les produits laitiers à partir desquels l'UE soutient les agriculteurs. Cet accord "anéantit 40 années d'efforts pour développer une politique agricole fondée sur l'organisation commune des marchés", déplorent les Jeunes Agriculteurs "plus que jamais décidés à poursuivre le combat". "Cette réforme me fait mal et me laisse un goût amer", a déclaré Jérôme Despey, président des Jeunes Agriculteurs. "Le ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard avait dit qu'il était ferme mais pas fermé (vis-à-vis du projet de réforme de la Commission européenne, ndlr). Je l'ai trouvé plutôt ouvert", a-t-il constaté. Les chambres d'agriculture regrettent elles "une rupture forte de la PAC en l'inscrivant dans une renationalisation rampante et en baissant la garde sur les marchés. Elle traduit l'absence de projet européen partagé pour l'agriculture". Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin s'est de son côté félicité de l'accord estimant que ce compromis était en grande partie dû à "l'entente franco-allemande". Le compromis donne "satisfaction" à la France, a estimé le ministre de l'Agriculture, Hervé Gaymard. "Il préserve les principes essentiels de la PAC et maîtrise les effets de la mondialisation des échanges agricoles et trace également des perspectives pour les 14 millions d'agriculteurs jusqu'en 2013", a expliqué son ministère dans un communiqué. Il s'agit d'"une bonne nouvelle pour les Français et pour les agriculteurs français", a déclaré de son côté le ministre délégué au Budget, Alain Lambert. La réforme de la PAC devra être "accompagnée et compensée" pour les agriculteurs, a nuancé le président de la Commission des Finances à l'Assemblée nationale, Pierre Méhaignerie (UMP). |